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MembresArmen Lubin

Profil non officiel. Cette page n'a pas été créée par Armen Lubin lui-même  ⚠

Qui est-ce ?

Biographie

Jean-Mi
Posté par
le 15/02/2012
Chamour Kerestedjian, dit Armen Lubin, est né à Istambul d'une famille arménienne d'artisans. Contraint de quitter son pays pour échapper aux persécutions, il se réfugia à Paris où il trouva un emploi de retoucheur photographique. Il habita Montparnasse, s'intéressa au surréalisme, écrivit sous le nom de Chahan Chanour un récit relatant l'exode de son peuple . Il fut l'ami de Jean Follain, Max Jacob, André Salmon qui le fit connaître à Jean Paulhan. Il vécut pauvrement jusqu'à ce que la maladie, vers 1936, le jette dans la misère: atteint d'une tuberculose osseuse, sans protection sociale (Il ne put jamais obtenir sa naturalisation...)

Opérations répétées, vie en salle commune à Broussais, à la Salpêtrière, dans divers sanatorium, avec, entre deux hospitalisations, des périodes où il est à la rue. Il put quitter les hôpitaux pour être l'hôte du foyer arménien de Saint-Raphaël.

Les poèmes proposés ici sont extraits de LE PASSAGER CLANDESTIN (1946), SAINTE PATIENCE (1951), LES HAUTES TERRASSES (1957), trois titres réédités en un volume dans la collection "Poésie / Poche" Gallimard. A ma connaissance, TRANSFERT NOCTURNE (1955) reste introuvable, ou presque.

Langues parlées

Profession

Chronologie

État civil

  • Identité : Chahnour KERESTEDJIAN
  • Pseudonyme : Armen LUBIN

La table absolue

Jean-Mi
Posté par
le 15/12/2012
Lecteurs de ce nouveau siècle, vous avez de la chance! Venant de consulter internet, j'ai le plaisir de constater que Gallimard a enfin sorti de ses caves les œuvres d'Armen Lubin. Pour ma part, au début des années 80, je ne dus de lire quelques-uns de ses livres qu'à la bonne grâce d'une employée des éditions susdites. Je revins donc chez moi, enrichi d'un petit trésor d'exemplaires étoilés de moisi et diffusant une forte odeur de naufrage. C'est un article d'Yves Martin publié dans Le Pont de l'Epée n°51 qui m'avait "imposé" ce nom. Je ne connais pas de plus bel hommage au "passager clandestin". Je vous le propose en introduction à un choix de textes.
Yves Martin
Posté par
le 15/03/1975
Le monde des sanas a son atrabilaire (Jacques Prevel), son chef d'orchestre, le romancier Paul Gadenne (Siloé). A. Lubin en est le mage. Réaliste juste ce qu'il faut; il s'attaque surtout à cette "lumière seconde" qui doit bien exister quelque part. La maladie est le véhicule idéal pour transporter "le passager clandestin" derrière les apparences.

Mais avant de devenir un gisant, avant de transformer la grande vacherie horizontale en un authentique bouquet spirituel, A. Lubin a été locataire sournois, un peu pervers, le locataire dépité de dizaines de chambres, depuis les chambres maigres à celles plus confortables, plus feutrées des boulanges d'amour. Pas de déchirement à la Carco, à la Dignimont, de grands coloris à la Salmon, de canailleries à la Mac Orlan, Lubin est un oeil triste, discret, estompé, presque invisible, un oeil de clown sans échelle, un oeil avec tout juste une ombre, un quart de silhouette comme dans les tableaux de Léopold Sauvage. Il est celui qui vient d'ailleurs, celui qui n'a pas droit à la parole. Ses calepins de voyeur doivent être les plus minuscules possible, tenir dans le creux de la main, le feu de la main. Comme il tremble de se laisser surprendre quand il observe une fille galante qui franchit la porte de l'hôtel! "Et sur l'asphalte / C'est son pied droit qu'elle pose d'abord / A l'heure où les cabarets quittent le port / Pour s'attirer la chance ainsi elle fait / Il se dissimule, il touche mur quand / Rentrant à l'aube, elle rapporte / L'O de l'HOTEL tombé dans la rue / Elle rapporte sa couronne froide de rosée." Bouilleur de l'hôtel LUX, le cru n'est pas fameux, l'alcool pétille à peine, réchauffe encore moins. On ne peut lire sans horreur, sans effroi ces constats terribles que sont HOTEL BORGNE, CHAMBRE A LOUER, DIMANCHE, LES LOGIS PROVISOIRES, SOUS LES TOITS, ICI LES CHOSES NOUS CORRESPONDENT, LES VALISES PHOSPHORESCENTES.

Pour se distraire de "la misère de sa bouche de gouape", pour oublier "le nu le plus nu des chambres d'hôtel", pour ne pas se laisser définitivement avoir "par les beautés de la table rase / et de l'amant impersonnel", que reste-t-il au solitaire sinon de fendre l'air, de bitumer? Il y a malgré tout le bonheur des rencontres de hasard, "la franchise entière" des jambes de femmes:

Belles jambes de femmes gainées haut, ô vives cavales / Qui jaillissez d'une voiture impatiente! / La voiture s'est garée sous une belle étoile / Et vous en sortez d'une seule détente. / Source maîtrisée, maîtresses loyales. / Plus vite que le désir chargé d'éclairs, / La portière s'ouvre en grand, les talons braqués / Et vous qui n'êtes que franchise entière, / Vous battez l'air subitement capiteux / Et déjà l'air circule mieux.

Notre homme se pose partout, humble, pas rouspéteur, d'une tristesse grise et peureuse. Quand il se sent un peu mieux, il fait attention à ne pas le montrer. Sa joie ne dépasse jamais les tonalités du pastel. Que de choses à noter Place Saint-Sulpice, Quai de la Mégisserie, dans une allée de l'Observatoire! "Au fond de l'allée passe l'homme solitaire / Et presse le marron dans son alcool brûlant." . Le fatidique 15 août dans la capitale n'est pas sans merveilles:

Jetées sur l'eau par des janissaires en déroute / Des milliers d'armes à double tranchant / Et des poignards nacrés et des médailles dissoutes / Passaient au fil de l'eau. L'air était vibrant / Comme la dernière plainte du Calife. / D'une casquette à l'autre passait un goujon fictif / Et la gamine piquait une tête / Parmi les rames scintillant de gouttelettes.

Il faudrait pouvoir citer en entier CONCERT PUBLIC "où la Caisse d'Epargne se promène" qui caractérise si bien l'art de charme et de luxueuse pauvreté de Lubin.

Mais pour le pisteur d'hôtels à trous, pour l'homme en proie "au sana de l'éternelle cure", pour celui à qui "rien n'est donné, tout est repris", pour celui qui avoue "le glaive éclaire mais n'ouvre pas ma prison", pour celui qui s'exclame "plus on est éveillé, plus on est exilé", pour celui qui grommelle "Dieu est insolvable", pour celui qui après chaque élan constate "le monde me revient seul et rien n'est comblé", pour celui qui s'impatiente "A quelle hauteur le désir se met-il à nu?", qui s'écrie: "C'est toujours la chair solitaire / Qui s'use à sa propre musique", il existe d'étranges, de sublimes solutions:

N'ayant plus de maison ni logis / Plus de chambre où me mettre, / Je me suis fabriqué une fenêtre / Sans rien autour.

A celui-ci, si désespéré soit-il, la vie n'aura pas été inutile puisqu'il aura vu au moins une fois LA TABLE ABSOLUE:

Avant qu'au ciel apparaissent les chèvres savantes, / Toute la lande grise s'assombrit mais éclatante / S'étale une clarté sereine sur l'unité du ciel, / Table absolue où se signent les traités perpétuels.

L'hôtel borgne d'Armen Lubin avait une issue sur le ciel.

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