Les anagrammes, je baigne dedans depuis la salle de bain ! En effet, enfant haut comme trois pommes, j'avais remarqué que la marque du robinet du lavabo contenait les mêmes lettres que la marque du shampoing (Grohe et Hégor). Aujourd'hui, je vis plutôt bien mon anagrammatite aigüe, le réflexe de recombiner les lettres des mots ou bien de puiser dans la mémoire anagrammatique. À propos de réflexe et d'acte irréfléchi, ici même j'ai raconté une anecdote à propos de l'impératif Réfléchis-y ! J'affectionne également les anagrammes imparfaites, mais uniquement lorsqu'il est question de remplacer une voyelle par une autre, comme pour passer de marécage à Camargue (E devient U) ou de baryton à bruyant (O devient U). Alors s'instille dans le mot une autre lettre, une autre couleur. Dans mon système de ressenti, la voyelle est liquide et colorée, la consonne géologique. Pour autant, je ne suis pas atteint de synesthésie.

J'affectionne tout particulièrement les parties jouées en blitz. 60 secondes seulement pour trouver le top. Quant au temps entre les coups, l'interlude, le mettre à profit pour anticiper. Instinct et méthode.

J'ai eu la chance de concourir en paire avec plusieurs scrabbleurs de très haut niveau. Mactar Sylla pour les championnats de France à Vichy (c'était l'époque où la brillante Eugénie Michel n'avait pas encore pris sa retraite anticipée). Avec Dominique Le Fur (co-clubbeur et seule personne à comprendre à la perfection mon esprit mnémotechnique), pour les CDM, à Québec (crash au sommet), Dakar (le sacre), puis Mons, Montpellier, Montreux, mais pas Montauban, mon envie de voyage lointain ayant stoppé net la séquence des Mon. Finalement je n'allais rejouer aux Mondiaux que douze ans plus tard, à Montauban justement, sollicité par mon idole Philippe Ruche.