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Biobibliographie

YVES MARTIN RÉSUMÉ PAR LUI-MÊME EN 1974

Né le 13 octobre 1936 à Villeurbanne (Rhône). La drôle de guerre le bourlingue à Lyon où il fait le mur de chez les Jésuites en un coin de Côte d'Or paisible chez un grand-père et une grand-mère comme on en voit sur les gravures. Paris. Études dans un collège religieux jusqu'à la 3ème. Tombe malade. Plateau d'Assy. Deux amis lui font découvrir la poésie. Passion pour Rilke, pour Jacques Prével, pour une tonne de poètes. Rentre dans la vie normale où il s'ennuie prodigieusement. Loupe son baccalauréat. Un ami de la famille a l'idée de le caser dans le notariat où il se trouve toujours. Parallèlement s'enflamme pour le cinéma.Fonde Le Nickel Odéon avec notamment Bertrand Tavernier et Bernard Martinand, qui fut pour quelques-uns révélateur.Publie après pas mal de tribulations en 1964 son premier livre, un roman-poème Le Partisan. Cherche à publier un Mini-Cinéma français avec Bernard Martinand qui a eu et a encore bien des malheurs. Réputation de haut gosier. Se sent très seul quand il voit passer une jolie femme ou une petite fille dont l'univers lui sera à jamais inconnu.

Texte publié dans “Je rêverai encore”, premier livre de nouvelles d'Yves Martin (Alfred Eibel, Editeur. 1978).

Je multiplie les portes imprévues

Jean-Mi
Posté par
le 09/12/2011
«Chambelland! Tavernier! Arrêtez d'emmerder Robert!», s'écrie Yves Martin, en pleine conversation téléphonique. Un instant de stupeur, avant de me rappeler que le poète a baptisé ses plus de vingt chats du nom de ses amis: Bachelin, Klée, Kober, Eibel, Joubert... Il paraît que Tavernier est le plus teigneux. J'ignorais qu'Yves avait adopté mon double félin. Ça me touche. Le matou est un beau gros chartreux, très doux. «Ce qui est curieux, parce qu'on ne peut pas vraiment dire que Jean-Michel Robert soit doux». Cette remarque en passant, parenthèse d'un entretien publié par la revue "Pris de peur", est peut-être une allusion à l'unique conflit qui nous a opposés, le temps d'un café-cognac. Il s'agissait du collectif, en général, qu'il condamnait d'un seul paquet, je suppose qu'il aurait volontiers contresigné ces paroles de Brassens:

"Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
Est plus de quatre on est une bande de cons."

Ayant horreur des généralisations qui me semblent abusives, j'avais tenté de nuancer. En vain. Je dois avouer avoir alors haussé le ton, pour le regretter aussitôt: nous ne parlions pas de la même chose. Il était question pour moi de situations où rien n'est possible sans solidarité; pour lui, l'urgence permanente de sauver sa peau quand la masse s'identifie au «Grand Rongeur». Mais attention, Martin n'en est pas pour autant le solitaire aigri ou dédaigneux, c'est le solitaire surpeuplé, île déserte paradoxale; il communie avec tous les vivants, étant entendu que certains morts sont encore assez ivres pour vivre en lui*, et que les choses, selon leur disposition, leur apparition recèlent des temps égarés, des destins en puissance que la poésie, d'un seul regard, traduit en acte. Ne reste au poème qu'à révéler:

"- Votre chambre - Aussitôt
Je change les objets de place. Rapports magiques.
Dans les couloirs, je croise des lotions
Aussi brutales que du vin.

Plages, pavot, médiums,
Je suis un de ceux-ci."

M'a toujours fasciné chez “l'enfant démesuré”cette faculté d'assigner spontanément un rôle, une aventure, «une féerie catastrophique» à ce qui passe généralement pour quantité négligeable, pour léger détail. D'une allumette éteinte jaillit un incendie de forêt; les pompiers s'en foutent: "fermé pour cause de mistral" est affiché à l'entrée de la caserne. Les fillettes, les midinettes («choisies comme des crayons de couleurs»), les jeunes filles, chaque passante quelque peu magnétique peuvent à tout instant se couvrir d'une buée de déesse, ou merveilleusement agoniser en griottes fondantes. Martin a dit et répété que rien n'est ordinaire, tout être est unique et mérite sa chance de légende, héroïque ou burlesque, aussi fugace soit-elle. Ainsi que pense-t-il de la gravitation universelle, ce pianiste, «dont seules les couilles montent au ciel»? Et ce patron de caboulot, se doutait-il en se levant matin qu'il serait au soir capitaine de vaisseau fantôme?... Oui, "L'enfant démesuré"**, titre on ne peut plus juste:

"Perpétuel enfant, je n'ai jamais voulu perdre le parc."

Pour la plupart des adultes «l'une fois pour toutes», le clairement défini dominent. Il ne saurait être question de bouleverser ce qui est majoritairement considéré comme vrai, réel, utile et responsable. Le rêve ne concerne que le dormeur, la paresse le parasite, la lenteur le malade, l'amour fou le naïf. Si parfois l'adulte se ménage un temps libre, exerce son droit à la rêverie, au rire, à l'évasion, s'il crée, cultive son plaisir, se cultive, ce ne peut être que dans les strictes limites des loisirs. Ou de la retraite. Bien sûr, très tôt, le chantage social intimide, terrorise même: voilà les possibles, c'est ça ou la déchéance certaine. Allez, vite, plus vite, l'homme sera compétitif ou ne sera pas. S'étonner que les choses soient ce qu'elles sont trahit au mieux une régression, au pire une maladie mentale. "Je n'ai jamais su choisir", titre Martin en 1990. Aveu d'un irresponsable ou refus des choix de dupes? Certes, enfant, mais celui-ci a beaucoup appris pour survivre, particulièrement l'art d'être non pas un autre mais tout ce que captent ses sens :

"On est le piaf sur le bouleau, le piaf méticuleux qui va et vient comme un cure-dents… On est le sapin roux que l'hiver a séché dont les aiguilles sous les doigts s'éparpillent comme des tisanes, du thé…On est la voisine qui dès sept heures, occupe son balcon… On sent vraiment sa chemise de nuit contre sa peau, une chemise de nuit fuyante qui lui procure la sensation d'être la petite fille d'autrefois sur le toboggan des rampes d'escalier… On est le jet d'eau qui disjoncte du dixième étage…"

Ailleurs, on le retrouve loup-garou, puis Bouddha… Son patron, ses collègues, le marchand de merguez, les professionnelles, sa mère, les écrivains, les «stars» des grands films aussi bien que celles des pornos vivent dans un monde qu'ils ne soupçonnent pas: l'ivresse d'Yves Martin. Cette ivresse - même si elle est loin d'ignorer ses dettes de «cervoise» et de «pichtogom» - n'est celle de l'ivrogne que par anecdote, c'est surtout celle du passé et du présent simultanés, du quotidien encanaillé d'imaginaire, du merveilleux qui se nourrit de sa propre disette, de la maladie ailée, de la lutte désespérément courageuse d'un homme surréel jusqu'à la dernière rasade de peur.

"Je suis le brasier de tous les miracles, de toutes les détresses."

Jean-Michel Robert

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